no one's coming to save you ♦ PV Helianna

Crevé. Voila comment j'étais aujourd'hui. J'avais pleuré toute la nuit, silencieusement, j'espérai que personne ne m'ait entendu. Je n'avais pas tellement envie d'en parler. Je n'avais pas dormi de la nuit, trop de choses défilaient dans ma tête. Mes parents, que je haïssait plus que tout pour leur indifférence envers moi, et qui croyaient qu'en m'envoyant chez des psychologues ou chez divers spécialistes le problèmes partiraient. Tous ce qu'il me fallait, c'était un minimum d'affection. Mais non, ça il ne le comprenait pas. Mes frères qui ne savaient rien du tout de ce qui se passait, ils ne comprenaient pas encore que nos parents étaient de vrais conards. Je pensais à mes amis aussi. Enfin, mes anciens amis, qui m'avaient laissé tomber dès qu'ils ont appris que j'ai été admise dans ce foutue camp de redressement. Ils avaient sans doute peur qu'il leur arrive la même chose. Je les comprends; atterrir ici, et y rester pendant un bout de temps, c'était horrible, même sachant que ça n'arrangera rien à ma vie, et que je repartirai d'ici comme j'y suis arrivé : malheureuse et seule.
J'étais désormais seule, seule avec ma meilleure amie avec qui je me disputais constamment. J'en avais marre de tous ça.

Cela faisait deux heures que j'étais réveillée, alors je décidai de me lever. Je me dirigeai à la salle de bain pour faire ma toilette. Il n'y avait encore personne. Évidemment tout le monde dormait à cette heure-là, j'étais la seule idiote à m'être lever si tôt.
Je me regardais dans le miroir; de gros cernes soulignaient mes yeux; tous ça à cause de toutes ces conneries que je prends. Je devais arrêter, mais je n'y arrivait pas, même quand j'essayai. C'était quand même difficile en ayant tous ses potes Junkies et en traînant dans un quartier où à chaque coin de rue un dealer traînait par-là. Je pris une douche rapidement, me brossai les dents et je retournai dans la chambre pour m'habiller. Toutes les filles dormaient profondément, j'essayai de ne pas faire de bruit et je finis de m'habiller rapidement, puis je sortis. Je descendit à la cuisine, et je vis des animateurs. Je passai discrètement sans me faire repérer. Je n'avais pas envie de subir leur interrogatoire, qu'il me demande en plus ce qui n'allait pas et pourquoi j'étais déjà debout. J'atterris dehors, dans l'air de pique-nique. Il n'y avait personne, sauf une fille : elle était assise, seule autour d'une table :

« Hey ! criai-je, toi aussi, tu préfères être seule de temps en temps ? »

Elle était seule, et comme il était tôt, elle avait dû mal dormir, comme moi. À l'entente de ma voix elle se retourna. Elle me fixai, et je me sentis bête. Si elle aimait être seule, elle n'avait sans doute pas envie de parler de bon matin avec quelqu'un. Bref, je me dirigeai donc vers elle.

Je n'avais pas dormi de la nuit, ne faisant que me tourner et me retourner dans mon lit. J'avais eu envie de rejoindre mon meilleur ami, mais évidemment c'était impossible. Les animateurs veillaient, chacun leur tour. Tout ça c'était à cause de cette putain de colonie, je n'étais pas bien ici. Pire que chez moi à détroit, être entourée de gens aussi stupide que moi n'était pas bon pour ma propre santé. Pour la plupart ils arrivaient à s'intégrer tandis que moi, considérant que je n'avais pas ma place ici, je ne faisais aucun effort. De toute façon à quoi servait de se faire des amis ici ? Nous repartirions chacun de notre côté, donnant de nos nouvelles trois semaines après la sortie avant d'en avoir marre de dépenser son crédit pour un ex – voire actuel aussi – dépressif ou autres débilités de ce genre. Autant restée dans mon coin avec Jerson, le seul avec qui j'étais sûr de repartir. D'ailleurs, je n'étais pas la seule à être venue accompagnée, beaucoup n'avait pas osé assumé les conséquences de leurs actes seuls. Même si je n'étais pas mieux qu'eux, puisqu'au final j'étais heureuse d'avoir mon meilleur ami à mes côtés. Je ne savais pas quelle heure il était lorsque je me levai, il faisait à peine jour. Je ne sais pas non plus comment j'avais réussi à sortir dehors sans être grillée par les animateurs, j'étais tellement énervée et dans mes pensées que je les avais oublié sur le coup. J'avais d'abord décidé d'aller me promener dans la forêt, avant de décider que c'était une très mauvaise idée avec mon sens de l'orientation digne d'un GPS – ouais ouais, bien sûr – mieux valait rester près du camp. Je ne voulais pas inquiéter Jerson, s'il venait à me chercher.
Je me promenais autour du camp, traînant vers les douches au départ, puis me dirigeant vers le feu de camp dont les restes de la veille étaient encore visibles. Une soirée pourrie, selon moi. Nous avions grillé des chamallow et avions discuté de la vie au sein de Bug Juice, je ne me souvenais même pas de ce qui avait été dit. Puis je me retrouvais finalement sur l'air de piquenique ou je décidais de me poser, de toute façon d'ici une heure ou deux tout le monde serait levé. Autant être sur place avant eux. Je m'assis autour de la table la plus reculée, croisai mes bras et enfouis mon visages dans ces derniers. J'avais beau ne pas réussir à dormir, j'étais quand même crevée. Cette colonie n'allait réussir qu'à me rendre insomniaque si tout continuait ainsi.

« Hey ! entendis-je, toi aussi, tu préfères être seule de temps en temps ? »

Je me retournai, faisant face à la personne qui avait eu le courage de m'adresser la parole. Qui pouvait bien avoir le culot de déranger une personne qui ne souhaitait que de la solitude. Je m'apprêtais à l'envoyer chier, comme je l'ai toujours fait lorsque je me rendis compte qu'elle s'avançait déjà. Sois gentille Hell, ne fais pas ta tête brulée, aurait dit mon meilleur ami. Je soupirai, la laissant s'installer à côté de moi.

« Pas seulement de temps en temps... »

Je posai ma tête contre mes bras toujours croisé, sans arrêté de la fixer. Elle avait l'air différente des filles que je pouvais voir au quotidien, mais assez dans son élément ici. Mais ce n'était là que supposition, peut-être accompagnait-elle seulement, comme quelques uns parmi nous.

« Helianna & toi ? » soufflai-je de but en blanc. Ouais, je n'étais pas très douée pour ce qui était de faire connaissance. Je ne savais qu'agresser ceux que je ne connaissais pas.